Diagnostic
L’enregistrement du sommeil est le seul moyen diagnostique des pathologies respiratoires du sommeil. On en distingue de plusieurs types selon le contexte et le type de pathologie suspectée.
Le plus fréquemment pratiqué est l’enregistrement de Polygraphie ventilatoire du sommeil : c’est le dépistage de première intention car réalisé à domicile, le mieux supporté par le patient, et permettant de dépister toutes les pathologies respiratoires.
Dans des contextes particuliers ou lorsque les résultats de la polygraphie laissent quelques doutes, il est alors parfois nécessaire de pratiquer un enregistrement polysomnographique du sommeil, nettement plus lourd car comprenant notamment une exploration neurologique du sommeil.
Le diagnostic repose alors sur l’appréciation de l’index IAH regroupant la fréquence horaire des apnées et hypopnées qui ont la même valeur sémiologique, dont la valeur normale retenue est habituellement inférieure ou égale à 5 mais doit toujours être appréciée en fonction du terrain avant toute décision thérapeutique.
En cas de confirmation, l’évaluation du SAHOS peut s’aider de questionnaires remis au malade, comme le Score d’Epworth ou le questionnaire de Berlin qui permettent d’évaluer notamment les conséquences en termes d’épuisement chronique sur les activités quotidiennes.
D’autres explorations complémentaires peuvent par la suite compléter et affiner le diagnostic en fonction de chaque situation afin d’en déterminer les causes et facteurs de risque pour une meilleure prise en charge. Il s’agit notamment d’explorations anatomiques comme la naso-fibroscopie et la sleep endoscopy, d’explorations fonctionnelles respiratoires réalisées par un pneumologue afin d’écarter une insuffisance respiratoire chronique, d’exploration radiographiques comme la télécéphalométrie nécessaire avant toute chirurgie maxillaire etc …
Apnées du sommeil sévères : stades et critères de gravité
La prise en charge d’un syndrome d’apnées du sommeil ne peut se concevoir sans prendre en considération son stade de gravité et le contexte du patient.
On décrit trois stades, essentiellement déterminés par la valeur de l’IAH inférieure à 15 pour les grades légers, entre 15 et 30 pour les stades modérés, et supérieure à 30 pour les grades sévères.
Cependant, ce critère de base n’a pas de valeur en soi s’il n’est pas modulé en fonction de l’importance de la symptomatologie, du contexte du patient et de ses antécédents, et la Haute Autorité de Santé, au travers de son rapport « Évaluation clinique et économique des dispositifs médicaux et prestations associées pour la prise en charge du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil » du 15 juillet 2014, en définit très précisément les principes.
En effet, le degré de somnolence, l’existence d’épisodes de suffocations nocturnes, de ronflements sévères, de céphalées matinales ou de réveils nocturnes itératifs interviennent sur la détermination du stade de gravité de la pathologie.
De même, aura un impact sur l’évaluation du grade de sévérité, l’existence de comorbidités cardio-vasculaires représentées par des antécédents cardio-vasculaires graves (hypertension artérielle réfractaire, fibrillation auriculaire récidivante, insuffisance ventriculaire gauche sévère ou maladie coronaire mal contrôlée, accident vasculaire cérébral etc …).
Apnées du sommeil : traitement
Le choix du traitement dont les méthodes de référence sont représentées essentiellement par la ventilation nocturne par Pression Positive Continue (PPC) et l’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM), dépendra donc non seulement des résultats de la polygraphie ventilatoire, mais aussi des données de l’examen clinique, de l’expression clinique et son retentissement, et du recueil des antécédents et comorbidités associées.
La ventilation nocturne par PPC présentera l’avantage de sa fiabilité, de ses caractéristiques de monitoring du sommeil, mais pourra exposer à certains cas d’intolérance physique ou psychologique du patient.
L’orthèse d’avancée mandibulaire sera séduisante par ses caractéristiques de miniaturisation, mais son peu de fiabilité (le patient pouvant ne pas la porter sans aucun contrôle possible), et ne pourra concerner que des cas d’apnées obstructives d’origine fonctionnelle chez des patients au bon état dentaire et sans obésité.
Tous les types d’interventions chirurgicales sur le voile du palais (UVPP) qui étaient largement répandues dans le passé n’ont pas fait les preuves de leur efficacité au long terme en raison du fait qu’elles n’agissent que sur l’anatomie et non pas le fonctionnel à l’origine de la pathologie obstructive, et ne doivent plus être proposées. Seule l’amygdalectomie chirurgicale peut être indiquée avec succès dans les cas d’apnées obstructives en contexte d’hypertrophie amygdalienne sévère obstructive.
Les traitements anatomiques par Laser ou Radiofréquences en ambulatoire, s’ils trouvent leur place en première intention dans les cas de ronflements isolés, ne seront proposés au niveau du voile de palais qu’en traitement adjuvants ou en cas de succès incomplets en cas de voile hypotonique ou d’hypertrophie de luette pouvant contribuer à l’obstacle. Les Radiofréquences des cornets pourront aussi être particulièrement intéressantes dans le cadre d’une obstruction nasale pouvant mettre en échec un traitement par PPC ou par orthèse.
Un traitement postural consistant en un dispositif imposant au patient de dormir en position latérale dans le cas de grade léger sans comorbidités et peu symptomatique a forte composante mécanique, peut même parfois suffire.
Un grade sévère à la polygraphie orientera donc d’emblée vers le choix d’un traitement de ventilation nocturne par PPC.
A l’inverse, un grade léger à modéré sur la polygraphie, peu symptomatique, sans obésité ni comorbidités et avec un bon état dentaire sera donc d’avantage en faveur de la réalisation d’orthèse d’avancée mandibulaire.
Dans le cas d’un grade modéré en contexte de somnolence diurne massive chez un patient aux antécédents métaboliques et d’obésité présentant un certain degré de comorbidités cardio-vasculaires devra alors nécessairement faire choisir une ventilation nocturne par PPC.
Toutes les situations intermédiaires existantes, chaque situation devra donc être interprétée rigoureusement avant toute décision thérapeutique, qui pourra être complétée par traitement adjuvant à type de radiofréquences.
Cependant, tous les cas devront faire l’objet d’une évaluation du traitement dans les deux mois, imposant le plus souvent de réaliser une nouvelle polygraphie ventilatoire nocturne de contrôle avec traitement.